Page:Brunet - Le mariage blanc d'Armandine, contes, 1943.djvu/184

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Thibaut, le fils du juge, et enfin la cousine de tout ce qui avait nom dans la Presse, et surtout le Star, parce que, encore adolescent, il se piquait de connaître l’anglais mieux que nous tous.


Lorsque je connus monsieur Hormisdas Godin, il y avait déjà longtemps que je fréquentais la maison. À chacune de mes visites, madame Godin (je devinais qu’elle venait d’enlever son tablier et qu’elle avait relevé ses cheveux fous), prenait prétexte de la toilette de son fils pour venir causer avec moi.

— Comment va votre mère ? Votre mère, j’aurais tant de plaisir à la voir…

— Ma mère sort si peu.

Je devinais qu’elle se forgeait un portrait de ma mère, romancé selon sa réalité et qu’elle inventait avec ses souvenirs d’enfance. Car Mme Godin était née d’une famille bien. Ses yeux luisaient de concupiscence, et je suis sûr qu’elle aurait fait des bassesses pour être invitée. Quant à moi, aussi vaniteux, je craignais que Maurice ne fût dépaysé dans notre simplicité.

— Votre mère est une Martin, je pense ?