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DE PHILIPPE

dépression lui revint à la fois. Il tremblait : il se mettrait toujours dans ces mauvais draps…

— C’est la langue, c’est la plume qui a fourché, ce n’est pas Dufresne que je voulais écrire, c’est Duchesne, votre confrère Duchesne.

Duchesne n’est pas incroyant. On ne voit que lui à l’église…

— Justement, on le voit trop…

Content de son mensonge, Philippe entama une diatribe sur les catholiques. C’était une charge contre ces hypocrites, dont il voulait montrer qu’ils étaient en vérité des incroyants, que, prétendait-il, il avait écrit : ce nom de Duchesne serait changé en pseudonyme ou en initiales pour la publication, mais on verrait bien de qui il s’agissait. Philippe en avait assez de ces farceurs :

— Je lisais, il n’y a pas longtemps, une phrase de Lacordaire : « Qu’est-ce qu’une famille, sinon le plus admirable des gouvernements ? » Connaissez-vous rien de plus sot, de plus tartufe ! Quand il y a un gouvernement dans une famille, surtout une famille chrétienne, c’est la plus odieuse des tyrannies, c’est le règne du bon plaisir du paterfamilias… Et leur idée de la justice. Ils défendent la justice humaine, les condamnations à mort, au bagne, sans faire d’examen sérieux sur la responsabilité de l’individu…

— Il y a des médecins qui témoignent…

— Peuvent-ils, sans avoir tous les éléments