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LA FOLLE EXPÉRIENCE

Le pédantisme de Philippe revenait et il en aurait oublié sa dôpe :

— C’est parce que vous avez les nerfs d’un cours classique et le tempérament peureux d’un professionnel, que je vais vous donner une piqûre moi-même, qui va vous envoyer au nirvana des notaires…

Le docteur piqua Philippe, qui dormit deux bonnes heures.

Philippe se réveilla au milieu de l’après-midi. Tout était silencieux. Il y avait un cabaret sur sa table, avec des blancs-mangers, des laitages, du pain, et de la confiture. À côté, un verre, avec du chloral, que Philippe avala d’un trait. Ensuite, en quelques bouchées, parce qu’il avait faim, il eut tout mangé. Philippe était remis, et il allait profiter du silence pour s’esquiver. Vite habillé, il surveillait le corridor, lorsque parut, au fond du couloir, l’un des aumôniers de l’hôpital. Un prêtre, cela était moins dangereux, et « cela pourrait servir ». Du reste, Philippe en ce moment n’avait plus peur de rien.

Au surplus, Philippe le reconnut : il était le fils d’un des camarades de son père :

M. l’abbé Gentile, n’est-ce pas ?

— Et, toi, Philippe, je te reconnais, qu’est-ce que tu fais ici ! On te laisse pas mourir de faim.

L’abbé regardait le cabaret, et il semblait à