Page:Brunet - Les hypocrites (1) - La folle expérience de Philippe, 1945.pdf/162

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
163
DE PHILIPPE

au moindre brimborion, elle pensait tout de suite qu’il voulait l’emporter :

— Je peux pas donner ça, vous savez bien que je peux pas donner ça.

Quand le fameux inspecteur de la ville, qu’elle recevait si bien, se montrait à la porte, elle disait toujours, comme pour conjurer le sort :

— La loi, c’est pas pour nous autres.

Chaque semaine, la Maureault faisait la charité à un jeune ménage, des cousins, dont l’homme était toujours malade et « sans place ». Elle leur portait les fonds de panier de ses chambreurs :

— Si je les faisais pas vivre, qui est-ce qui s’en occuperait ?

Elle se rendait témoignage de son bon cœur.

Et, si, alors, comme elle était sur le point de partir, on allait lui demander quoi que ce fut elle bougonnait :

— Je peux pas toujours rester à la maison.

Ses sorties — l’église, le marché pas loin et ces visites aux cousins de la rue Wolfe — c’était son exotisme, ses voyages et sa poésie, avec sa salle à manger.