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RECHUTE

Quittant Pageau, Philippe était presque l’ancien Philippe, et ce fut l’ancien Philippe qui revit, sur le seuil de la porte, une garde qui avait si souvent secouru sa détresse, durant ses semaines d’hôpital. Elle était moins jolie que sous sa coiffure, mais encore désirable, si bien que Philippe constata une fois de plus comme sa nouvelle vie était fragile. Il était revenu à Dieu en un seul instant et il pourrait quitter Dieu en un seul instant. Il fit un bout de route avec elle :

Vous n’avez pas changé… Vous souvenez-vous ? Vous rappelez-vous ?

Il ne l’écoutait pas. Il revivait les instants de sa conversion. Il lui semblait qu’il était sûr qu’il allait maintenant laisser tout ça, et les images lui en étaient d’une présence accablante.

À l’hôpital, la tante Bertha était venu le voir : des mois, il n’en avait eu la moindre nouvelle, et c’est dans sa maison qu’il était allé passer sa convalescence. Sans trop songer à ce qu’il ferait, il restait là, indécis et heureux somme toute. Des après-midis, il rencontrait de vagues camarades qui donnaient à boire au parasite : Philippe ne se grisait pas trop, craignant de retomber dans l’état où il avait failli sombrer. Un soir, il s’était laissé tenter, et le lendemain, honteux de cette sottise, mécontent de