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DE PHILIPPE

lippe aux paradis artificiels, dont il se détacha aussi aisément qu’il s’était détaché de la dôpe. La première fois, il avait eu peur, cette fois, il avait honte, il s’estimait un goujat, du spectacle qu’il avait donné aux religieux. Il avait trop honte pour revenir sur cette retraite.

Il ne lui restait qu’une goujaterie finale à commettre, et dont Claire serait victime, mais, quelques semaines, il ne pensa ni à Claire ni à sa garde, dont le souvenir se liait à l’autre. Philippe faisait deux parts de sa vie : dans l’une, il s’efforçait, par la lecture, de comprendre intimement la prose des saints, et dans l’autre, il s’évertuait à rire des ridicules qui l’entouraient, sans y mettre cette malice qu’il se reprochait, lorsque, sans paroles, il s’agenouillait devant le Saint-Sacrement, dont il s’apercevait avec ébahissement qu’il devenait son refuge le plus vrai. Dans l’ombre de l’église, presque sans pensées, vivait le vrai Philippe, le nouveau Philippe qui essayait de convertir l’autre, enlisé encore dans ses médiocrités et ses vaines critiques.

Les mois passaient, et cependant, Philippe n’avançait guère. Il priait, il communiait, mais ses confessions lui étaient toujours extrêmement pénibles, et c’est en se confessant qu’il découvrait son pharisaïsme.