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DE PHILIPPE

autant qu’avec Claire, et Florence, qui ne l’aimait pas plus, fut maternelle autant avec lui. Et les relations de Philippe avec Florence commencèrent comme ses relations avec Claire, de façon laide et suspecte.

Florence était une petite grue, chez qui Philippe avait des habitudes. Charmante, avec des préciosités puériles, dont un sourire joli enlevait ce qu’elles pouvaient avoir d’agaçant. Philippe la voyait souvent et l’oubliait vite, jusqu’à ce jour qu’il rencontra chez elle un tout jeune Américain, avec qui elle faisait mille folies. Cela exaspérait Philippe, qui n’avait aucun droit sur Florence encore : Philippe se contentait alors de coller en riant jaune.

Voilà qu’un jour d’hiver, si froid dans la chambre, que Philippe avait gardé son chapeau, elle le prit à part :

– Dick voudrait vous dire quelque chose. C’est un gentil bonhomme, mais il est si jeune… Tâchez de le tirer d’embarras.

Philippe voyait venir le tapage, et une tentation de chantage le prenait.

Il partit donc avec Dick, et ils marchèrent, marchèrent. Philippe allumait cigarette sur cigarette, sans en offrir à l’autre, et il n’écoutait guère ce qu’il lui disait. Dick portait un manteau mince, et, sans gants, gardait ses mains dans ses poches. Il gelait à pierre fendre et Philippe commençait à devenir transi.

Il y avait bien une heure qu’ils marchaient et