Page:Brunetière - Cinq lettres sur Ernest Renan, 1904.djvu/103

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le fût, qui ne l’a pas cru lui-même, et Jésus, dont l’œuvre est fondée tout entière sur le mensonge de ses révélations et le charlatanisme de ses miracles ? » Voilà toute la Vie de Jésus.

Jetez là-dessus tout ce que vous voudrez, le voile de l’équivoque, et le tissu magique du style ! Promenez-nous parmi les enchantements de l’idylle galiléenne. Faites-nous observer qu’en Orient le mensonge n’est pas le mensonge ! Excusez, en les dénonçant, et ayez l’air de justifier, en les condamnant, les fraudes pieuses ! Entremêlez le blasphème d’oraisons jaculatoires à « la catégorie de l’idéal » ! Dites audacieusement : « Celui qui prend l’humanité avec ses illusions et cherche à agir sur elles ne saurait être blâmé. Il nous est facile à nous autres, impuissants que nous sommes, d’appeler cela mensonge… et de traiter avec dédain les héros qui ont accepté dans d’autres conditions la lutte de la vie. Quand nous aurons fait avec nos scrupules ce qu’ils ont fait avec leurs mensonges, nous aurons le droit d’être sévères pour eux ! » Eblouissez le public du jeu de vos paradoxes et de vos contradictions ! Faites dire aux mots ce que jamais ils n’ont voulu dire, et nommez du nom de « religion »