Page:Brunetière - Cinq lettres sur Ernest Renan, 1904.djvu/105

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N’imposons pas nos petits programmes de bourgeois sensés à ces mouvements extraordinaires qui sont si fort au-dessus de notre taille. » El ailleurs encore : « Toutes les grandes choses se font par le peuple, et on ne conduit le peuple qu’en se prêtant à ses idées… »

Ces citations peuvent suffire.

Mais quand, dans un livre tel que la Vie de Jésus, sur lequel un homme, de la grande et naturelle ambition intellectuelle de Renan, a joué sciemment sa fortune et sa réputation, on a écrit de ces choses, elles demeurent « acquises » ; et on peut ensuite écrire impunément Caliban ! Le « Bloc » reconnaîtra toujours son homme, et il aura raison de le revendiquer. C’est ce qu’ont fait les « Bleus de Bretagne ». Ils ont parfaitement compris, ou senti, que l’auteur de la Vie de Jésus était avec eux, et que ses goûts pouvaient bien avoir été ceux d’un aristocrate, — parce qu’il avait des sens très aiguisés et très fins et que ce sont nos sens qui déterminent ordinairement nos goûts, — mais ils ont très bien vu que ses principes étaient les leurs, et quand ces principes ne ressortiraient pas de la lecture de la Vie de Jésus, ils auraient encore compris qu’il