Page:Brunetière - Cinq lettres sur Ernest Renan, 1904.djvu/21

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niste, l’hébraïsant, le philologue, l’historien, le poète, l’artiste qu’il était a seul pu les écrire. Mais il n’y a cependant pas de style plus naturel, et c’était l’éloge que lui accordait l’illustre auteur de l’Histoire de la littérature anglaise et des Origines de la France contemporaine, Taine, quand il disait « qu’on ne voyait pas comment cela était fait » !

Et, en effet, on ne le voit pas. Les « négligences » de Renan sont « ses plus grands artifices ». Et, pour être lui-même, pour l’être tout entier, il n’a pas besoin que, comme on dit, « son sujet le porte » ; mais, je ne sais comment, on dirait que c’est lui qui crée l’intérêt ou l’agrément de son sujet ; et, qu’il traite après cela les plus hautes questions, ou qu’il expose, dans la grande collection de l’Histoire littéraire de la France, la philosophie de Duns Scot[1] et la biographie de Christine de Stommeln, ce sont toujours la même aisance, la même grâce, et la même souveraine clarté.

  1. On trouvera cet article, qui n’a pas été réimprimé en volume, au tome XXV de l’Histoire littéraire, p. 404, 465.