Page:Brunetière - Cinq lettres sur Ernest Renan, 1904.djvu/87

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seurs l’affectent volontiers. Mais ce style est, comme on dit de nos jours, singulièrement « suggestif ». On en pourrait comparer le mouvement à celui d’un grand fleuve, qui ne s’embarrasserait d’aucun obstacle en son cours, et qui d’ailleurs, à la rencontre, ne les surmonterait pas, ni ne les attaquerait de front, mais les tournerait, et à chaque détour, qui nous ménagerait de nouvelles perspectives, de nouveaux horizons, des échappées inattendues, lointaines, infinies… Convenons-en franchement, si les défauts n’y manquent point, — et surtout, dans les derniers volumes, des plaisanteries qui se sentent de la liberté que le public avait donnée à Renan de tout dire, — ce n’en est pas moins un charme que de relire les Origines du Christianisme ; et on fera bien de n’y pas céder ! mais il faut le reconnaître. Je ne saurais trop le dire à nos amis, et je vous demanderai. Monsieur, de le leur redire : il faut le reconnaître, précisément pour n’y pas céder.

Et les Histoires de Renan ont un autre mérite encore, qui est… Mais je m’aperçois, Monsieur, qu’il est temps de m’arrêter ; et, aussi bien, cet autre mérite, si j’en voulais définir aujourd’hui