Page:Brunetière - Cinq lettres sur Ernest Renan, 1904.djvu/91

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sûr ! Il y a beaucoup de bavardage aussi, je n’ose dire dans la traduction que Renan a donnée de l’Ecclésiaste, mais dans la Préface qu’il y a mise, et dont une phrase a survécu, « Vanité des vanités ! » c’est la phrase devenue presque proverbiale sur la vanité de l’érudition, laquelle met un homme, après quarante ans de travaux, tout juste en possession des résultats qu’atteignent du premier coup la philosophie de Gavroche et du pharmacien Homais.

Cependant, — et malgré les doutes qu’inspire la solidité de son érudition d’hébraïsant, — je m’empresserais d’ajouter que l’honneur n’en revient pas moins à Ernest Renan d’avoir comme annexé victorieusement, le premier parmi nous, au domaine de la littérature générale, les grandes, les lointaines, les riches provinces de l’orientalisme. C’est ce que j’ai déjà indiqué d’un mot dans une précédente lettre, et c’est un point sur lequel, en d’autres temps, il vaudrait la peine d’appuyer.

Vous savez certainement. Monsieur, qu’aucun autre mérite ne nous est un plus sûr garant de la rare valeur d’un écrivain, et de la portée réelle de son œuvre. On appelle cela, quand on