Page:Brunetière - Cinq lettres sur Ernest Renan, 1904.djvu/90

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dait quelle estime il convient de faire d’Eugène Burnouf ou de Stanislas Julien, je crois que je pourrais le dire. Pour apprécier à sa juste valeur le caractère de leurs travaux, il me suffirait de les comparer à ceux de leurs prédécesseurs, — les travaux de Stanislas Julien à ceux d’Abel Rémusat, les travaux d’Eugène Burnouf à ceux de Chézy ou même de Colebrooke, — et, tout de suite, je crois qu’à des lecteurs même incompétents, oui, je crois, qu’incompétent comme eux, je leur en ferais pourtant sentir la supériorité. Les travaux spéciaux de Renan sont très éloignés d’inspirer la même confiance ! Et, par exemple, il s’en faut qu’on puisse lire la Palestine, du savant M. Munk, dans la collection de l’Univers pittoresque, avec le même agrément que l’Histoire d’Israël, mais comme on y apprend donc plus de choses[1] ! et comme on s’y sent aux mains d’un guide… moins bavard, mais plus

  1. Je veux dire, et on l’entend bien, plus de choses techniques, spéciales, de celles qu’on est en droit d’attendre d’un hébraïsant qui raconte l’Histoire du peuple d’Israël. Car, pour les autres, celles qui ne tiennent pas essentiellement à cette histoire même d’Israël, mais qui l’éclairent de la lumière d’une comparaison, et ainsi qui font rentrer les cas particuliers dans une loi générale de l’esprit humain, Renan retrouve tout son avantage.