Aller au contenu

Page:Brunetière - Discours de réception, 1894.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
7
de m. ferdinand brunetière.

se puisse allier à la curiosité du présent, comme au souci de l’avenir ! et plutôt, s’il y a quelque chose d’insolemment barbare, c’est de prétendre, en cette vie si brève, ne dater, ne compter, ne relever que de nous-mêmes. Nos morts sont aussi de notre famille ; c’est leur sang qui coule dans nos veines ; rien ne bat en nous qui ne nous vienne d’eux ; et, pour ce motif, le progrès même n’est possible que par la tradition. En dehors d’elle et sans elle, nous ne saurions bâtir qu’en l’air, dans les nuages, des cités idéales mensongères, utopiques, aussitôt évanouies qu’entrevues ou rêvées. Le passé n’est pas seulement la poésie du présent, il en fait peut-être aussi la vie même ! Et c’est pourquoi, Messieurs, en tout temps, ce que nous devons d’abord à ceux qui viendront après nous, ce que nous devons à nos fils, pour les aider à continuer l’œuvre de l’humanité.