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de m. ferdinand brunetière.

s’anime, l’expression du ton de la voix, l’éloquence physique du geste, la circulation d’émotion qui va de l’orateur à l’auditoire et de l’auditoire à l’orateur, peuvent-elles suppléer à l’insuffisance des mots, qui sont alors comme devinés avant qu’on les prononce, ou suscités au besoin par la sympathie du public. Mais dès que l’on écrit ! Ah ! quand on écrit, je crains que l’improvisation ne soit la déplorable, la redoutable, la détestable facilité de parler de tout sans rien avoir appris, et quelque question qui vienne à s’élever, — de politique ou d’histoire, de littérature ou d’art, de science, ou d’administration, d’hygiène ou de voirie, de droit ou de morale, de toilette, Messieurs, ou de cuisine ! — je crains que l’improvisation ne se réduise à l’art de donner le change, par un vain cliquetis de mots, sur l’étendue, la profondeur, l’uni-