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discours

d’Armand Carrel et celui des Bertin, le National et les Débats. Vous rappelez-vous l’histoire des débuts de Littré ? Trois ans entiers, Messieurs, — je dis trois ans, — sous l’œil d’Armand Carrel, la besogne de cet helléniste, de ce philologue, de ce philosophe, de ce savant, fut d’extraire les journaux étrangers. Voilà sans doute un long apprentissage ; et, en effet, on n’estimait pas alors, on ne s’était pas avisé que, de tous les dons du journaliste, le premier fût celui de l’improvisation !

Et comme on avait raison ! Car enfin, Messieurs, sait-on bien, lorsqu’on s’en vante, sait-on ce que c’est qu’improviser ? Mais l’orateur même, dont il semble que ce soit le métier, n’improvise pas. Il improvise une réplique, il n’improvise pas un discours. Cicéron écrivait les siens, et nous avons les brouillons des Sermons de Bossuet ! Encore, quand on parle, et que l’on