Page:Brunetière - Discours de réception, 1894.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
31
de m. ferdinand brunetière.

nos journalistes ont à tout le moins cet avantage d’être toujours tenus de se faire comprendre, et que le premier mérite qu’on exige d’eux c’est la clarté.

Mais comment y réussissent-ils ? de quelle manière ? à quel prix ? et s’il leur faut trop souvent commencer par mettre leur langage au ton de celui de la foule ? ou, pour guider l’opinion, s’ils doivent en essuyer d’abord et en flatter les pires caprices, qu’y a-t-il de moins littéraire ? Je les prie de me bien entendre… Comme l’orateur politique, c’est aux intérêts ou aux passions qu’il faut que le journaliste s’adresse ; et nos passions ou nos intérêts, mais surtout les moyens de les satisfaire, n’ayant rien que d’instable et de quotidiennement changeant, c’est ainsi que la presse est devenue l’esclave de l’actualité. Elle ne nous donne, et nous ne lui demandons que des informations. Si le vaudeville