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discours

vois rien non plus qui les distingue de tant d’écrivains ; et, quand il leur en échapperait encore davantage, vous le savez, Messieurs, c’est le jargon moderne, dont vous vous efforcez d’arrêter les progrès menaçants, mais qui règne, — doit-on le dire ? — à la tribune comme au barreau ; non seulement là, mais au théâtre, mais dans le roman, comme dans la presse même, et jusque dans la poésie. Mânes de Racine, fantômes errants de Lamartine et d’Hugo, que diriez-vous si vous pouviez parler ? et où, dans quelle autre enceinte, vous réfugieriez-vous si je lisais ici quelques-uns de ces vers inégaux, polymorphes et invertébrés, qu’admirent aujourd’hui nos jeunes gens ? Sur quelques poètes et quelques romanciers, dont on serait tenté de croire qu’ils font consister le grand secret de l’art à n’être entendus que de la cabale, ou d’eux-mêmes, et d’eux seuls, —