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l’homme de lettres ; il lui va bien ; et j’aime assez que, dans un journaliste, le pouvoir de l’esprit, pur de tout alliage, ne rayonne que de son propre éclat. Certainement, il n’est pas mauvais, je trouve même bon que, de loin en loin, quelques-uns d’entre nous donnent l’exemple… de la richesse. Je n’oublierai jamais que du jour où Voltaire a pu rivaliser de luxe avec un fermier général, et mettre aux genoux de « sa belle Émilie » quelque chose de plus que M. Turcaret aux pieds de sa baronne, de ce jour, Messieurs, une existence nouvelle a commencé pour l’homme de lettres, émancipé désormais de la protection du traitant ou de la tutelle même du prince. On a compris, ce jour-là, que, s’il faut d’une certaine sorte d’esprit pour faire ses affaires, l’homme de lettres n’en était pas nécessairement incapable ; et c’est depuis lors que le pouvoir de l’intelli-