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réponse

et dont on aurait dit volontiers, comme de son placet le personnage de Molière :


Ah ! Monsieur, pas un mot ne s’en peut retrancher.


Quelques jours après, il vous faisait venir et vous rendait votre manuscrit impitoyablement raturé et bâtonné, sans même vous dire la raison des corrections ou des suppressions qu’il exigeait, car ce qu’il sentait et voulait le plus fortement, il était parfois incapable de l’exprimer autrement que par gestes. On protestait, on s’indignait, on tempêtait, puis comme il n’y avait pas moyen de faire autrement, on se laissait amputer en gémissant ; mais l’amputation faite et l’article paru, il fallait bien reconnaître que c’étaient les redites, les inutilités, les longueurs qu’il avait retranchées, et si au cours de la bataille infructueuse qu’on avait entreprise contre lui on essuyait parfois des