virginité. Mais rien de tout cela n’empêche quelques traits de se dégager du brouillamini de l’intrigue, et, en somme, Balzac a bien fait de ne pas renier ses Chouans. Ils ne sont pas « décidément » un « magnifique poème », comme Balzac les qualifiait quand il les relut pour la dernière fois, en 1843, mais, « le pays et la guerre y sont décrits avec un bonheur et une perfection rares ». Et puis, plus impartial à ses débuts qu’il ne le sera plus tard, Balzac, dans ses Chouans, a merveilleusement saisi et rendu ce qu’il y eut de complexe dans ce mouvement de la chouannerie, où tant de mobiles inavouables se mêlèrent, pour le rendre inutile, à tant de désintéressement ; où des deux parts il fut déployé tant d’héroïsme, sans doute, mais aussi tant de férocité ; et sur lequel, en vérité, ce que l’on peut dire de plus juste, c’est que l’histoire n’a pas encore prononcé son jugement.
Franchissons maintenant un intervalle de cinq ou six ans, 1799-1806, et lisons Une ténébreuse Affaire [1841]. Ce beau roman, dont je vois que certains biographes ou critiques de Balzac ne parlent qu’avec une espèce de moue