Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/152

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tine, Jacques, sont et demeureront les monuments historiques. Dans la mesure où le romantisme est surtout une question d’art, nous avons vu qu’il n’y en avait guère de plus indifférente à Balzac. C’est la représentation de la vie qui l’intéresse, et non pas du tout la réalisation de la beauté, comme s’il se rendait compte, un peu confusément, qu’en art, « la réalisation de la beauté » ne s’obtient guère qu’aux dépens, ou au détriment de la fidélité de l’imitation de la vie. Il en est de la vie comme de la nature, qui n’est de soi ni belle ni laide ; mais elles sont toutes les deux ce qu’elles sont, et sans doute ce qu’elles doivent être ; et on ne les enlaidit ou on ne les embellit l’une et l’autre, on ne les « flatte » ou on ne les « calomnie », qu’en commençant par en altérer, d’une manière systématique et dans un sens convenu, les rapports réels. Aussi voyons-nous que, par une conséquence inévitable de cette doctrine d’art, le romantisme a constamment tendu vers la représentation du rare ou de l’extraordinaire : le brigand héroïque ou la courtisane amoureuse, plus vierge en ses débordements qu’aucune fille de bonne mère. Mais,