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Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/157

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Mérimée ? Balzac nous l’eût certainement voulu dire.

J’insiste ; — et le lecteur est prié de bien entendre ce point. Quelle est la « condition » d’Adolphe et d’Obermann ? du lord Nevil de Corinne ? de René ? Que savons-nous d’eux, et, à vrai dire, qu’en savent-ils eux-mêmes ? Où se sont-ils éprouvés ? de quelle vie ont-ils vécu ? d’où leur viennent, pour préciser encore davantage, ces ressources qui les dispensent, en toute occasion de « compter » ? et si, — je ne dis même pas dans nos démocraties contemporaines, mais dans nos sociétés modernes, telles que nous les connaissons depuis trois cents ans, — si la nécessité de vivre, res angusta domi ; si l’obligation de pourvoir à des exigences qui se renouvellent tous les jours ; si la contrainte et le retour de l’occupation quotidienne sont peut-être ce qu’il y a de plus infaillible pour briser, ou pour interrompre l’élan des « grandes passions », en même temps que pour entraver la possibilité de les satisfaire, qui ne voit et qui ne sent qu’en les écartant du roman, ce n’est pas seulement d’un élément d’intérêt et de diversité qu’on le