Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/160

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mations de la papeterie dans Illusions perdues [t. III], et toute une théorie de la « haute banque » dans la Maison Nucingen. Là est vraiment l’intérêt de la question d’argent dans le roman de Balzac. Elle le particularise, et elle le concrète ; elle le spécialise ; et, si je puis ainsi dire, elle le réalise.

Ôtez, en effet, la question d’argent : que resterait-il d’Eugénie Grandet, de la Recherche de l’Absolu, du Père Goriot, du Contrat de mariage, de César Birotteau, du Cousin Pons ? Mais remarquez en même temps ceci que, ni du Cousin Pons, ni du Père Goriot, ni de la Recherche de l’Absolu, ni même d’Eugénie Grandet, la question d’argent ne fait le principal intérêt. Elle ne sert qu’à communiquer au récit un air de précision qu’il n’aurait pas sans elle ; elle introduit avec elle, dans le domaine du roman, une infinité de détails que leur insignifiance ou leur vulgarité prétendues en avaient écartés jusqu’alors ; et puisqu’enfin ces détails sont la vie même, c’est pour cela que la ressemblance avec la vie, et la vérité de l’œuvre, s’accroissent de tout ce qu’ils prennent de place, avec la question d’argent, et la peinture des conditions.