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Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/162

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avait raison de le dire ! et nous ajoutons : c’est un monde qu’avant lui le roman ne s’était pas avisé de peindre, ou plutôt, c’est un monde qu’avant de le peindre, et sous prétexte de le mieux peindre, — en ce qu’il avait, disait-on, d’essentiel et de permanent, — l’art dépouillait systématiquement de tout ce qui pouvait le « conditionner », le « particulariser », et le « localiser ». Le roman n’était qu’une histoire d’amour, — pas de roman sans amour, écrivait Renan il n’y a pas beaucoup plus d’une vingtaine d’années, par où d’ailleurs il prouvait bien qu’il n’avait lu ni César Birotteau, ni le Curé de Tours, ni Une ténébreuse Affaire, ni le Cousin Pons, ni les Paysans ; — et dès qu’un amoureux prenait sa part dans une histoire d’amour, il se changeait, d’un homme réel en son type d’amoureux, ou de lui-même en son fantôme, et quand arrivait le dénouement, il cessait d’exister, en rentrant dans la vie. Le roman n’était qu’un rêve, dont on se réveillait au contact de la réalité.

Considérons à présent de plus près quels détails, et de quelle nature, demande ou commande cette peinture des « conditions » ; et ce