Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/166

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Car ici encore, ne l’oublions pas, Balzac fut un innovateur, et je ne connais guère, avant les siens, de romans, si je l’ose dire « costumés » ni « meublés ». Rien ne nous semble aujourd’hui plus naturel que de rencontrer dans nos romans ces descriptions de lieux, de mobiliers et de costumes ; et je crois que nous avons raison. Nous avons raison de penser que la vérité, la justesse, le relief et la couleur de ce genre de descriptions, font un mérite essentiel du roman. Nous voulons vraiment voir les personnages auxquels on nous demande de nous intéresser, et nous ne les voyons, — nous ne savons ou nous ne pouvons les voir, — que si d’abord on les a replacés dans leur « milieu » familier. Nos pères n’en demandaient pas tant ! et ces exigences sont nouvelles. C’est le romancier de la Comédie humaine qui les a comme incorporées à la définition même du roman. Il va de soi, depuis lui, qu’un roman doit en quelque manière envelopper son décor. Le décor, qui sans doute est le meilleur moyen, puisqu’il