Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/167

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est le plus naturel, de « situer » le roman dans l’espace et dans le temps, est devenu dans le roman un élément capital de vérité et de vie. D’autres ont été loués pour avoir introduit, dans notre littérature l’expression du « sentiment de la nature » : Balzac y a conquis aux choses, lui, le droit d’être « représentées ». Ne craignons pas de dire que, de ces deux innovations, la seconde, en ce qui regarde le roman, est de beaucoup la plus considérable.

C’est qu’aussi bien, — et si nous écrivions l’histoire de la littérature de son temps, c’est un point sur lequel il faudrait appuyer, — Balzac, seul ou presque seul parmi tous ces romantiques dont il est entouré et pour qui, comme Sainte-Beuve, à cette date, la critique, ou, comme Michelet, l’histoire même, ne sont, à proprement parler, que la chronique, ou « le papier-journal » de leurs impressions personnelles, Balzac a le sentiment profond de l’objectivité, ou de l’impersonnalité, qui doit être celle de l’œuvre d’art, en tout