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Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/171

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de se laisser soi-même entrevoir tel qu’on est dans son œuvre, ou, pour tout dire d’un mot, que d’écrire avec son tempérament ; et, sans doute, c’en est encore moins de mettre son talent au service de ses idées.

La « littérature personnelle » c’est de se prendre soi-même pour le sujet plus ou moins apparent de son œuvre, et, si ce n’est pas abuser du droit de se confesser en public, — puisque aussi bien, fausses ou sincères, nous voyons le public, en tout temps, courir à ces confessions comme au feu, — c’est nous prendre à témoin, nous, lecteurs inconnus, de ses rêves déçus ou de ses ambitions manquées : tel Hugo, jusqu’en son Ruy Blas, et tel Vigny dans son Chatterton ou dans son Stello, dans son Samson comme dans son Moïse. On leur opposera les déclarations de Balzac, dans la première préface du Lys dans la Vallée, qui est datée de 1836, ou encore ces lignes, moins connues, qui sont datées de 1843, et que j’emprunte à sa correspondance avec madame Hanska : « Je n’ai, depuis que j’existe, jamais confondu les pensées de mon cœur avec celles de mon esprit et, sauf quelques lignes que je n’ai écrites que pour