Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/182

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faire grand fond sur les comparaisons d’un art à un autre art, et je ne sache rien de plus décevant que ce qu’on appelait naguère l’esthétique générale ! Mais je ne puis m’empêcher d’observer que dans l’histoire de la peinture, c’est ainsi qu’on avait vu l’importance du « sujet » décroître, à mesure que l’on serrait la réalité de plus près ; et la valeur d’art des œuvres n’avait pas pour cela diminué. L’intérêt s’était seulement déplacé. Eugène Fromentin l’a montré dans ce livre admirable qui a pour titre : les Maîtres d’Autrefois, et dont il n’y aurait qu’à modifier légèrement le vocabulaire pour en faire une éloquente apologie du roman naturaliste. Ce que les Hollandais du XVIIe siècle ont demandé à leurs peintres, ç’a été de leur « faire leur portrait », et non pas du tout de les émouvoir pour des chimères, dont la solidité de leur bon sens ne faisait aucun cas, ou pour des images d’un passé dont ils s’éloignaient chaque jour davantage. Qu’est-ce à dire ? sinon qu’en de telles conditions, tout est « sujet » pour l’artiste qui saura s’y prendre, et c’est la manière dont il traitera ce sujet qui en fera l’intérêt principal. Voyez là-dessus quelque