Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/187

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teau ? — croirons-nous que Modeste Mignon, Béatrix, le Père Goriot nous représentent « l’enfance, l’adolescence et leurs fautes », tandis qu’Eugénie Grandet, le Curé de Tours, Un grand homme de province à Paris nous représenteraient « l’âge des passions, des calculs, des intérêts et de l’ambition » ? Ces distinctions sont bien subtiles, et il faut convenir qu’on ne les aperçoit pas aussi nettes que Balzac les aurait voulues ! Mais elles n’ont pas moins leur raison d’être, et cette raison d’être est qu’en s’éclairant les unes les autres, Scènes de la Vie de province ou Scènes de la Vie parisienne, elles font participer le détail à la vie des ensembles ; et, non seulement ce qu’on eût pu croire insignifiant ne l’est plus, mais rien n’est insignifiant, et, comme en zoologie, tout se met en place, et s’ordonne, et se classe.

Par tous ces caractères, les romans de Balzac sont donc encore des romans naturalistes ; et si peut-être on se fût tout à l’heure étonné de nous voir tant insister sur ce point, peut-être aussi commence-t-on à voir le motif de cette insistance. C’est qu’à vrai dire, il n’y va de rien de moins que de l’évolution capitale de la