Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/194

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ture des genres, comme le théâtre, qui ne s’accommodent pas longtemps de n’être pour le poète qu’un moyen de s’expliquer, de se commenter, ou de s’admirer lui-même ; et reconnaissons franchement, à cette occasion, qu’Hernani, le Roi s’amuse, les Burgraves ne sont pas du théâtre. Le Chatterton de Vigny n’en est pas davantage, ni le Théâtre de Musset : On ne badine pas avec l’amour, ou Il ne faut jurer de rien. Sur quoi, je ne prétends nullement que l’intérêt littéraire ou que la valeur d’art en soit moindre : Charles Lamb ne l’en aurait trouvée que plus considérable, lui, qui ne reprochait à Shakespeare que de ne pas être parfaitement injouable. Car il a fallu, disait-il, que, pour s’accommoder aux exigences de la scène, ce prince des poètes condescendit à s’humaniser, et en s’humanisant, à se « vulgariser ». Et, pour ma part, c’est une opinion que je ne partage pas ! Mais ce qui du moins est certain, c’est que, si quelque genre en littérature demande impérieusement que l’auteur « s’aliène », pour ainsi parler, de lui-même, et ne se montre jamais à nous qu’en « s’objectivant », c’est le théâtre. Aucun dramaturge