Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’a été le « montreur » de soi-même ; ou plutôt, et si nous renversons la phrase, la formule sera plus exacte : aucun « montreur » de soi-même n’a été Shakespeare ou Molière. Le succès d’Alexandre Dumas, et celui d’Eugène Scribe, — que ce nègre hilare, mais jaloux, se donnait les airs de mépriser si fort, quoiqu’ils fussent de la même famille de fabricateurs dramatiques, — a dénoncé sur la scène la fausseté de l’idéal romantique ; et on a reconnu, dès ce temps-là, que si le Verre d’eau, par exemple, et Une Chaîne, sont du théâtre, il faut absolument que Lélia et la Confession d’un enfant du siècle ne soient pas du roman.

Mais, de toutes ces causes de transformation, je croirais volontiers que l’influence du roman de Balzac a été la plus active, littérairement, en raison de la simplicité du principe de la « subordination au sujet », et de sa fécondité. Qu’aucun aspect de la réalité ne fût indigne, en soi, d’être représenté par l’art, et que l’objet de l’art ne consistât même qu’à reproduire fidèlement cette réalité, si le classicisme avait été la négation ou du moins la