ou si Shakespeare s’était peint lui-même sous les traits du prince de Danemark ? Ainsi de Balzac ! et quoique cinquante ans à peine nous séparent de lui. Son œuvre existe « en soi » si je puis ainsi dire, et en dehors de lui, par conséquent. C’est pour cela qu’il est Balzac. S’il n’était pas Balzac, j’aurais peut-être essayé d’écrire sa biographie. Des écrivains très médiocres ont eu quelquefois une vie très intéressante, et en la racontant on oublie la médiocrité de leur œuvre. Mais, en vérité, j’aurais cru faire injure à la mémoire de Balzac de le traiter comme s’il eût eu nom… Jules Sandeau, ou Charles de Bernard ; et j’aurais cru manquer à la première obligation du critique ou de l’historien de la littérature, en parlant de l’homme plus et autrement qu’il n’était nécessaire pour l’intelligence de son œuvre.
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