Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/208

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raliste, si précisément l’homme naturel est l’homme social, et non pas celui que l’on commence par isoler ou par abstraire de la société pour le mieux observer.

Quand nous parlons de la portée sociale du roman de Balzac, nous n’avons donc point d’égard à ses opinions politiques ou religieuses, qui n’ont rien eu de très profond, ni de très original ; et surtout qui n’ont que d’assez lointains rapports avec la qualité de son œuvre, et la nature de son génie. Je veux dire par là que, si Balzac, au lieu de se déclarer « catholique » et « royaliste », avait professé des opinions exactement contraires, je ne vois pas bien ce qu’il y aurait de changé dans la conception de son Père Goriot, ou dans le dessin de son Cousin Pons. Nous voyons parfaitement ce que ne serait pas Delphine si madame de Staël était née « catholique » ; mais le critique ou l’historien serait assurément très subtil, qui retrouverait dans Atala le « royalisme » de Chateaubriand. C’est ce qu’il faut dire de Balzac. S’il lui est arrivé d’écrire un roman tout exprès, comme le Médecin de campagne, pour y exprimer son idéal religieux et politique à