Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/207

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dossiers » ! Où en eût-il trouvé le temps ? Au sens où l’on entend communément le mot, Balzac n’a pas eu le loisir d’ « observer » ; et, d’ailleurs, il n’en eût pas eu la patience. Mais il a « observé » tout ce qu’il lui fallait connaître pour pouvoir « réaliser » le monde qu’il portait dans sa tête, et lui communiquer ce principe ou ce souffle de vie sans lequel des « dossiers » et des « notes », quel qu’en soit le contenu, ne sont de leur vrai nom que d’inutiles paperasses. Avant sa vision à lui, complète, sinon précise, — ou confuse, mais totale, — d’ « une société dans toutes ses phases », il n’a demandé à l’ « observation » que les moyens actuels de donner un corps à sa vision. Et, pour la ressemblance de cette vision avec la réalité, ce n’est point du tout en les confrontant, ou en les contrôlant l’une par l’autre, qu’il s’en est assuré, mais en les rapportant l’une et l’autre à leurs causes génératrices, et en observant, de même qu’il inventait, si je puis ainsi dire, dans la direction de la nature. Naturaliste, de fait, l’observation de Balzac est sociale d’intention ; et peut-être devrions-nous dire qu’elle est sociale en tant que natu-