Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/212

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société complète », ou presque complète, pourvue de tous ses organes, dont aucun n’est considéré dans son indépendance, et pour lui-même ou pour lui seul, mais dans son rapport avec les autres et avec l’ensemble. On veut dire encore que, dans un genre tel qu’était avant lui le roman, dénaturé, faussé, déséquilibré par la prépondérance qu’y occupait la peinture des passions de l’amour, Balzac, en introduisant la représentation des autres passions, en a fait une image représentative de la société tout entière, dont la préoccupation principale, en aucun temps, quoi qu’on en dise, n’a été d’ « aimer ». Elle ne l’a jamais été qu’en littérature, et surtout depuis les romantiques. Et on veut dire encore, — si l’on se rappelle ici ce que nous avons dit de la « valeur historique » du roman de Balzac, — que, dans la description ou la représentation de cette société, il a eu l’art d’en faire pressentir les modifications prochaines, et ainsi, de nous montrer à l’œuvre, dans le mécanisme de leur fonctionnement quotidien, les ressorts dont il avait commencé par mettre les principes à nu.