Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/216

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la vie se formulent par des types ». Mais pour l’entendre, nous n’avons qu’à la rapprocher de cette autre phrase : « Mayenne et Charleville ont leur Grandet, comme Saumur » ; et n’est-il pas vrai qu’aussitôt tout s’éclaire ? Les romans de Balzac sont des romans sociaux en ce sens que les individus n’y existent réellement pas en dehors et indépendamment de la classe dont ils sont les représentants, ni conséquemment, de la « société » dont ils sont les créatures.

Ils sont encore « sociaux » pour la persistance avec laquelle, dans la plupart d’entre eux, sans chercher d’ailleurs à établir aucune thèse, Balzac a essayé de reconnaître et de mettre, disions-nous, à nu les ressorts essentiels de cette société.

C’est ainsi qu’il s’est complu à étudier, dans une série d’ « arrivistes », qui va de son Rastignac à son Vautrin, ce déchaînement d’énergie brutale provoqué par l’exemple de Napoléon et de sa prodigieuse fortune, et dont la critique s’obstine, je ne sais pourquoi, à vouloir voir le modèle ou l’incarnation dans le Julien Sorel de Stendhal. [Le Rouge et le Noir, 1830.] Mais,