Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/222

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gagner plus vite, avoir transformé toute une industrie et, par la transformation de cette industrie, la manière dont vivaient des milliers de leurs semblables. C’est encore en ceci que le roman de Balzac a vraiment une portée sociale.

Aussi, conçoit-on aisément que, préoccupé de reconnaître, de saisir et de fixer tous ces traits, Balzac n’ait donné dans son œuvre qu’une place tout à fait secondaire à la peinture des passions de l’amour, tandis qu’au contraire il en faisait une considérable à la question d’argent. Nous n’avons pas à revenir sur ce point. Mais nous pouvons ajouter quelques mots à ce que nous en avons déjà dit ; et, sans doute, il n’est pas inutile de bien voir comment la portée sociale des romans de Balzac résulte, pour une part, de cette subordination des passions de l’amour.

J’ai tâché d’expliquer ailleurs, et plus d’une fois, les raisons du prestige universel qu’exerçait, au théâtre ou dans le roman, la représenlation des passions de l’amour. Les passions de l’amour sont les plus « universelles » de toutes, et chacun de nous peut se flatter