Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/246

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ou la réalisation de la beauté. Ne nous attardons pas à la chercher ! Mais voyons, tâchons de bien voir que, dans l’un comme dans l’autre cas, perfectionnement de la vie civile ou réalisation de la beauté, quel que soit le principe ou la raison du choix, l’art est toujours conçu comme un choix ; et, classique ou romantique, l’artiste est donc toujours celui qui « sépare », qui distingue, et qui choisit. Son modèle, qui d’ailleurs est toujours la nature, étant là devant ses yeux, il n’en imite ou n’en reproduit, ni, dans un cas, ce qui serait d’un mauvais exemple ou d’un fâcheux conseil, comme le trouble ou l’agitation des sens, ni, dans l’autre cas, ce qui pourrait nuire à la beauté ou à l’homogénéité de la représentation, mais, dans l’un comme dans l’autre, il « choisit », puisqu’il rejette et il retient, il exagère ou il atténue, il combine et il arrange, il montre et il ne montre pas ! C’est ce que l’on remarquera, dans la peinture même de ses « monstres » : l’Iago de Shakespeare, ou son Richard III, la Rodogune de Corneille, le Néron de Racine, le Claude Frollo de Victor Hugo ou son don Salluste ; et, à plus forte rai-