varier d’une école, et surtout d’une époque à une autre ; et la variation peut aller jusqu’à la contradiction. L’objet de l’art, pour nos classiques, a été la détermination des caractères de l’humanité moyenne, et, sur cette base, le perfectionnement de la vie civile. « Homère, et tant d’autres poètes, dont les ouvrages ne sont pas moins graves qu’ils sont agréables, ne célèbrent que les arts utiles à la vie humaine, ne respirent que le bien public, la patrie, la société, et cette admirable civilité que nous avons expliquée. » C’est Bossuet qui s’exprime ainsi ; c’est la leçon qui se dégage de l’Art poétique de Boileau ; c’est une de celles que l’on pourrait tirer de la fable de La Fontaine et de la comédie de Molière ; c’est encore et surtout l’opinion de Voltaire. La littérature a une fonction sociale : l’art est pour nos classiques tout autre chose qu’un jeu. Et, dans une telle conception de l’art, rien n’est plus facile à concevoir, et à définir, que la « moralité » ou « l’immoralité » de l’œuvre d’art.
La définition est moins aisée quand l’objet de l’art est, comme pour nos romantiques, la manifestation de la personnalité de l’artiste,