Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/263

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même ; qu’il eût étonné et, si l’on le veut, indigné Balzac ; mais on sait ce que l’on veut dire ; on le sait parfaitement ; et on le dit aussi clairement qu’on le puisse dire d’un seul mot.

Concluons donc, sur « la morale » des romans de Balzac, qu’ils ne sont à proprement parler, ni « moraux » ni « immoraux », mais ce qu’ils sont et ce qu’ils devaient être, en tant que « représentation » de la vie de son temps. Ils sont « immoraux » comme l’histoire et comme la vie, ce qui revient à dire qu’ils sont donc aussi « moraux » comme elles, puisque sans doute, à un moment donné de leur évolution, elles ne peuvent être autres qu’elles ne sont. Et il est assurément permis de penser que les « leçons » qu’elles donnent, — si toutefois c’est leur affaire de donner des leçons ; et j’en doute, pour ma part, — ne sont pas les meilleures leçons, ni même de vraies leçons, je veux dire que l’on doive suivre ! Mais je ne vois pas qu’on en puisse faire aucun reproche à celui qui, comme Balzac, s’est borné à les enregistrer ; ou du moins, encore une fois, ce n’est pas sa « moralité » que l’on