Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/310

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
290
HONORÉ DE BALZAC.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

représentation totale de la vie, Balzac eût été vraiment plus qu’un homme si son génie s’était trouvé constamment égal à cette ambition. Or, il y avait en lui, nous l’avons vu, un fond de vulgarité qui devait constamment l’empêcher d’exprimer et de peindre certains sentiments dont il savait d’ailleurs tout le prix, et dont la délicatesse l’attirait. Je ne veux pas insister sur la Physiologie du Mariage et les Petites misères de la Vie conjugale qui ne sont, après tout, que l’œuvre d’un assez mauvais plaisant, ou d’un fanfaron de cynisme en gaieté ; mais, le Lys dans la Vallée ou les Mémoires de deux jeunes Mariées ! quelles étranges idées serions-nous réduits à nous faire de l’amour platonique, et de l’amour maternel, s’il nous en fallait voir l’idéale expression dans les aveux de madame de Mortsauf ou dans les lettres de madame de l’Estorade ? La vieille Fille est quelque chose de plus déplaisant encore ; et, réflexion faite, nous avons eu tort de reprocher plus haut à Balzac ce que l’exécution en a de caricatural, si c’est, en y songeant, ce qui sauve uniquement son sujet d’être odieux.

Il n’aimait pas qu’on l’attaquât sur ce point,