Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/317

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la clarté demeuraient toujours les qualités maîtresses ; et quiconque ne les possédait pas, « écrivait mal » ou « n’écrivait pas ». En ce sens, à ce titre, pour toutes ces raisons, il était entendu que Regnard et Le Sage écrivaient mieux que Molière ; l’auteur de Zaïre et d’Alzire écrivait mieux que l’auteur de Polyeucte et du Cid ; Condorcet écrivait mieux ou aussi bien que Pascal. Je ne parle pas de Saint-Simon, dont les Mémoires firent scandale, quand ils parurent, en 1824, — combien mutilés cependant ! — et que les classiques du temps les accueillirent comme quelques lecteurs de nos jours apprécient encore le style de Balzac.

Mais le romantisme, et surtout Balzac, ont changé tout cela ! La question qui domine toutes les autres est aujourd’hui de savoir ce que s’est proposé l’écrivain, et lorsque, comme Balzac, ce n’est pas « la réalisation de la beauté », mais « la représentation de la vie », nous nous sommes rendu compte que, dans ce cas particulier, nous ne saurions exiger de l’image les qualités qui ne sont pas du modèle. Ce que nous avons donc à nous demander d’abord, ce n’est pas si le style de Balzac est