Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/318

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« correct » ou s’il est « pur », mais s’il est « vivant », ou plutôt s’il « fait vivre » ce qu’il représente ; et le reste ne vient qu’à la suite. Veut-on là-dessus que George Sand « écrive mieux » que Balzac ? Nous le voulons donc aussi, et nous avons commencé par le dire ; mais, de tous les personnages qui traversent les romans de George Sand, en connaissez-vous un qui soit aussi « vivant » que les personnages de Balzac ? C’est toute la question ! Et la réponse est devenue facile. Si le style de Balzac anime et vivifie, je ne sais par quels moyens à lui, tout ce qu’il a voulu représenter, il a donc atteint son but, et Balzac, à vrai dire, ni « n’écrit mal », ni « n’écrit bien », mais il écrit « comme il a dû écrire » ; et, on ne saurait, sans contradiction, lui reprocher, je dis même des « irrégularités », qui peut-être sont la condition de la « vie » de son style.

Ce que l’on peut seulement dire, — du point de vue de l’histoire de la langue, — c’est que la Comédie humaine, tout en contribuant à modifier profondément l’idée qu’avant elle on se faisait du style, n’a point marqué ni ne marquera dans l’avenir une époque de l’évolution de la