Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/32

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dans la connaissance intime du détail caractéristique ; et surtout dans celle des rapports que « les mœurs » soutiennent avec les coutumes, avec les usages, avec les lois, c’est vraiment ce qu’on peut dire que les romanciers, avant Walter Scott, et les historiens eux-mêmes n’avaient pas possédé avant Chateaubriand.

On le comprendra mieux si l’on se reporte aux Lettres sur l’Histoire de France [1820-1825] d’Augustin Thierry, et que l’on y relise les raisons de son égale admiration pour Chateaubriand et pour Walter Scott, pour l’auteur des Martyrs, — non d’Atala ni de René, — et pour le romancier d’Ivanhoe. Elles sont les mêmes ; et elles se ramènent toutes à celle-ci qu’ils se sont avisés l’un et l’autre, les premiers, de cette chose bien simple, que les sentiments ou les idées d’un contemporain de Louis XIV différaient en plusieurs points des idées ou des sentiments d’un contemporain de Dagobert ou de Chilpéric. Et, en effet, je suis obligé de le redire, il ne paraît point qu’on le soupçonnât avant eux. La « couleur locale », — dont on devait tant abuser, — est une acquisition littéraire du romantisme ; et, laissant de