côté la question de savoir quel profit en ont tiré finalement l’histoire ou la littérature, on ne saurait nier que la recherche de la « couleur locale » ait marqué un moment, ou une phase capitale de l’évolution du roman.
Car, quels motifs l’avaient empêché jusqu’alors de se proposer d’être une exacte imitation de la vie ? Il y avait d’abord le caractère aristocratique de la littérature. La dignité des genres littéraires se mesurait à l’idéal tragique, et on croyait, — à tort d’ailleurs, — que le premier caractère de la tragédie fût la condition royale ou souveraine des personnes. Mais, surtout, et par suite, il y avait des détails que l’on considérait comme vulgaires, dont la transcription littéraire passait pour indigne de l’artiste, avec lesquels d’ailleurs on croyait être si familier qu’ils ne pouvaient que paraître fastidieux au lecteur ; et, précisément, c’était tous les détails que nous tenons pour expressifs de la vie, et qui le sont : le mobilier, le costume, les usages de la vie journalière, la manière de manger ou de se divertir…
Insistons un peu sur ce point, qui peut-être a quelque importance, puisqu’il ne s’agit