Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/323

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continué par son fils, n’a pu se rendre maître du théâtre, ni seulement s’y faire la situation prépondérante d’un Voltaire au XVIIIe siècle ! Mais Balzac règne dans le roman. Il y règne, non seulement en France, mais à l’étranger même ! Et on peut dire avec vérité que quand on se lassera de le lire, de le relire et de l’admirer, c’est que l’on commencera sans doute à se lasser du roman lui-même. Ces sortes de choses se sont vues, et les genres littéraires ne sont pas éternels ! Mais cela même ne portera pas atteinte à la gloire de Balzac ; et sa réputation, dans l’histoire littéraire, ne souffrira pas plus de la mort du roman, si le roman doit mourir ! que la gloire de Racine n’a souffert de la mort de la tragédie.

Faut-il aller plus loin ? et devons-nous faire une place à Balzac parmi les philosophes ou, comme on dit aujourd’hui, les « penseurs » de son temps ? Je le crois encore. Évidemment, Balzac n’est pas un philosophe de la manière que l’entendent ceux que Schopenhauer appelait « les professeurs de philosophie », et c’était Fichte, Hegel et Schelling ! Il ne l’est pas non plus, en ce sens, et nous l’avons vu,