Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/322

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jamais de l’histoire d’un genre ! Mais, de plus, comme un Balzac et comme un Molière, quand il a fixé les « modèles » de ce genre, il peut sans doute être assuré de vivre dans la mémoire des hommes, et qu’aucun changement de la mode ou du goût ne prévaudra contre son œuvre.

C’est ce qui me fait croire que longtemps encore Balzac demeurera le maître du roman. On ne s’émancipera de l’influence de la Comédie que dans les directions indiquées ou prévues par Balzac, et quand peut-être, un jour, comme il est arrivé aux successeurs de Molière, on trouvera cette influence trop tyrannique ou trop lourde, on ne pourra la secouer qu’en retournant à l’observation et à « la représentation de la vie » ; — ce qui sera rendre encore hommage à Balzac. C’est pourquoi, dans l’ordre littéraire, je ne vois vraiment pas, au XIXe siècle, d’influence comparable ou supérieure à la sienne. Hugo lui-même, dont nous parlions tout à l’heure, partage l’empire du lyrisme avec Lamartine, avec Musset, avec Vigny, avec Leconte de Lisle. Aucun dramaturge, pas même le vieux Dumas,