Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/325

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d’un de Marsay, celle d’un Grandet ou d’un Bridau, celle d’un Crevel ou d’un Gobseck, ne sont pas des phénomènes isolés, ni spontanés, qui contiendraient en eux les causes de leur développement, mais ces existences sont liées, ou plutôt enchaînées à d’autres existences, et de telle sorte que les modifications qu’elles éprouvent, si légères soient-elles, ont des répercussions à l’infini, jusque dans les milieux où l’on ne connaît pas même de nom Gobseck et Crevel, Grandet et Bridau, Rastignac et de Marsay. Parce que le petit Chardon s’est avisé dans Angoulême de faire des vers à la gloire de madame de Bargeton, née de Nègrepelisse d’Espard, des conséquences en sont résultées dont l’amplitude s’est étendue jusqu’au monde des bagnes ; et parce qu’il fallait cent mille francs au baron Hulot pour meubler madame Marneffe, des centaines de pauvres diables de soldats sont morts en Algérie d’inanition et de désespoir. Il y a d’ailleurs toute une morale, et une très belle morale, à induire de cette liaison des effets et des causes ; et le premier article en est qu’aucun de nos actes n’étant indifférent, aucun d’eux n’est