Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/326

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insignifiant, ni ne doit donc, par conséquent, nous échapper à la légère. Nous n’avons pas, hélas ! besoin, pour « tuer le mandarin », de le vouloir ; et il nous suffit de laisser le champ libre à notre égoïsme !

Mais cette solidarité ne se limite pas à la circonférence de la vie sociale, et elle enveloppe l’humanité tout entière, qui sans doute n’est pas située dans la nature, selon le mot célèbre, « comme un empire dans un empire ». De là, les analogies, sinon l’identité, de l’ « histoire naturelle » avec l’ « histoire sociale » ; et de là l’esthétique de Balzac ; mais de là aussi la différence qui distingue cette esthétique de toutes les autres, et, autant qu’une esthétique, en fait une conception ou une philosophie de la vie.

Je n’ai pas besoin de montrer l’importance et surtout la fécondité de cette idée. La critique de Taine en est dérivée tout entière, autant ou plus que des logomachies de Hegel ; et le plus bel épanouissement littéraire que j’en connaisse, après la Comédie humaine, est l’œuvre du plus grand romancier peut-être de l’Angleterre au XIXe siècle, je veux dire l’au-